21/04/2010

Pas un si grand choc pour les titans.

Louis Leterrier est un autre de ces réalisateurs français expatriés à Hollywood à qui les studios confient les clés de leurs grosses productions. Son dernier film, L'Incroyable Hulk n'avait pas tant surpris que proposé une action rythmée et très bien construite.
Le Choc des Titans s'inscrit dans la continuité. Film d'action/aventure/fantasy, il n'a pas pour ambition de nous présenter une énième adaptation d'un récit mythologique tel qu'avaient essayé Troie ou Alexandre, et grand bien lui fasse. L'histoire qui nous est contée est celle de Persée, demi-dieu de son état, qui va défier l'Olympe en s'efforçant de suivre une ligne de conduite humaine (cela dit pas d'inquiétude, ses prouesses en tant que héros n'ont rien de banales). Nous ne sommes donc pas dans un scénario cherchant à tout prix à innover, n'étant ni plus ni moins que la quête d'un moyen pour vaincre le Kraken, titan aux proportions démesurées que l'on aurait aimé voir un peu plus que trois minutes à la fin du film.
Du reste, le bestiaire reste très réussi, on regrettera cependant qu'il ne soit pas plus éclectique au vu des possibilités qu'offrait une telle fresque. On excusera aussi au passage l'utilisation des djinns qui ressemblent à un mélange entre Chewbacca et l'homme-arbre du Pavillon de la Vienne du Futuroscope. Les acteurs, quant à eux, s'en tirent honnorablement, à l'exception de Sam "Avatar" Worthington (surnom qui lui restera encore bien longtemps, à moins qu'il n'ait l'opportunité de s'en affranchir par un rôle plus profond, ce dont on doute malheureusement) qui se contente de camper un héros écrasé par le désir de vengeance dû à l'assassinat de ses parents par le dieu Hadès (intéressant Ralph Fiennes, bien qu'un peu excessif). Déjà vu certes, mais en mieux. Le reste du panthéon ressemble plus aux chevaliers du zodiaque qu'à des dieux olympiens cruels et omnipotents, et on aurait aimé plus de références à leur passé ainsi qu'à d'autres mythes. Une tentative est amorcée avec l'histoire de Io, mais cette dernière est bien vite reléguée au rang de faire valoir, d'atout sexy tel qu'on se doit d'en proposer dans un blockbuster classique (mais on se laisse volontiers faire grâce à la magnifique Gemma Aterton, que l'on attend d'ailleurs impatiemment dans l'imminent Prince of Persia)
A cela s'ajoute les décors, tantôt imposants et sublimes(qui ne sont pas sans rappeler ceux du Seigneur des Anneaux), puis d'autres fois très artificiels, entre la maîtrise totale des technologies actuelles et la nostalgie d'une époque où l'imperfection était le signe d'un cinéma plus artisanal, plus magique, qui nous rappelle qu'avant d'être un film grand public des années 2010, Le Choc des Titans était un film de 1981 aux effets spéciaux dans la lignée de l'excellent Jason et les Argonautes.

Le Choc des Titans version 2010 ne surprend pas autant qu'on aurait aimé, on a connu des histoires moins attendues (surtout du fait que le but de tout le périple des héros annonce directement la fin du film qui durera moins de dix minutes, à savoir la mort du Kraken) et des personnages plus complexes. De la même manière, on aurait légitimement attendu des décors et une musique plus originaux (on a connu Ramin Djawadi, compositeur de la BO, beaucoup plus inspiré, en particulier avec l'excellent travail qu'il a fait pour Iron Man). Cependant, Le Choc des Titans n'a pas non plus pour vocation de révolutionner le genre du film d'aventure épique. Louis Leterrier nous offre tout de même des séquences d'action et des scènes de combat et de poursuite très réussies, au rythme et à la mise en scène intelligente, ce qui a tout de même une certaine valeur au vue de la qualité des productions actuelles en ce sens. Elles sont également bien réparties tout au long du film, auquel on peut certes reprocher de n'être qu'un prétexte à cet enchainement. Restons tout de même sur une note positive, en considérant que le film mélange habilement aventure, action et fantasy et qu'il remplit sa mission en tant que blockbuster pré-estival. On attend avec impatience de voir à quoi ressemblera, dans la même veine, l'adaptation du jeu Prince of Persia par Mike Newell. Verdict le 26 Mai.

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